La Ville de Montréal veut retirer 250 places de stationnement dans Parc-Extension pour faire une piste cyclable sécuritaire, et le débat fait rage comme si l’avenir de la civilisation en dépendait. Dans ce débat inutilement clivant, on oublie souvent à quel point les vélos occupent peu d’espace sur la voie publique et à quel point les voitures en occupent énormément. Selon une recherche de la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal publiée en 2021, 73,8 % de la voie publique pour le transport à Montréal est consacrée aux voies de circulation pour les voitures, contre 18,8 % de l’espace pour les piétons, 1,3 % pour les pistes cyclables et 1,0 % pour les voies réservées au transport collectif. Dans le Plateau Mont-Royal et à Rosemont, les pistes cyclables occupent 2,5 % de l’espace public, un sommet à Montréal. Mais les pistes cyclables ne devraient pas se limiter aux quartiers centraux, souvent les plus riches, dit Hugo Cordeau, étudiant au doctorat en économie à l’Université de Toronto qui a documenté le phénomène en étudiant les trajets de BIXI vers les stations de métro. « Un gros problème, c’est qu’on n’a pas assez de pistes cyclables dans les milieux moins favorisés. Dans ces quartiers, l’ajout d’une piste cyclable aide les gens à avoir accès au métro », constate-t-il. Comme dans Parc-Extension, où la moitié des résidants n’ont pas d’auto. On doit donner la possibilité à tout le monde, peu importe la taille de son compte de banque, de se déplacer de façon sécuritaire en vélo – un moyen de transport beaucoup moins cher que l’auto. Même si ça bouscule un peu les habitudes et que ça implique de retirer quelques places de stationnement.